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À l'Est, rien de nouveau non plus

by CHARBON

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1.
C’est une boule de terre Une boule de pluie C’est un monde debout Mais à demi groggy Qui dévale sa gorge Pâte de râles et de rires et de cris Et se poursuit C’est un monde de forêts Perdues entre les villes Où rien ne dort jamais Rien n’est jamais tranquille Jours et nuits contigus Sans repos ni repus Et continue C'est une géographie Une carte à faire et à refaire Pour estimer le lieu précis Où l'on se perd C’est un monde de mers Prisonnières du bocal Où dérivent les déserts Sans but et sans escale Sans motif, ni figure Sans légende, sans signe, sans augure Et perdure C’est un monde de ciel Où s’épuisent les oiseaux Et de courtes échelles De rails et de barreaux Dont rien ne s'élève Qu’un parterre de marches Sans relâche C'est une géographie Une carte à faire et à refaire Pour estimer le lieu précis Où l'on se perd C’est un monde de chats morts Et vivants à la fois Un désordre de corps Où le chaos fait loi Rien ne s'y gagne, rien ne s'y perd Tout s'y transforme, de la poussière à la poussière Et persévère C’est un monde figurant Un accessoire du vide Une forme d’excipient Ni amer ni acide Pour faire passer le temps Et le goût et l’allant D’être vivant C'est une géographie Une carte à faire et à refaire Pour estimer le lieu précis Où tout se perd
2.
Blanc-Mesnil 02:53
Moi j'ai rêvé De grands espaces De grands canyons où tout se passe La poussière au loin D'un cheval qui approche Qui dépasse le train Et de l'or plein les poches Qui survient Moi j'ai rêvé De ce désert De tracer une croix sur la carte et sur la terre En disant Je ferai une ville à cet endroit En dix ans de ces clous, de ces rondins et de ces planches Elle naîtra Et elle aura le nom d'une vierge D'une sorte d'arbre ou de ma mère De ces noms trop longs qu'on abrège Un nom d'Autriche ou d'Angleterre Peu m'importe Tant que c'est un nom que le vent porte Une rumeur dont on fait les rêves Un murmure posé sur les lèvres de colons Ceux-là arriveront timides Et protestants durs à la tâche Qui dresseront là leurs églises Et des clôtures, tendront des bâches Et prieront Pour que Dieu bénisse les troupeaux Pour qu'il épargne leurs enfants Et fasse pleuvoir ce qu'il faut d'eau Sur les champs Et le village deviendra ville Avec ses ivrognes, ses bandits Ses mineurs claquant dans les filles Dans les cartes ou dans le whisky Du bordel Et le pasteur clâmera à la messe Que le diable rôde dans les ruelles Que tout Job doit aimer l'éternel Qui le blesse Puis disparaître jusqu'à l'oubli Ressurgir 10 ans plus tard Dans le soir Du terrible incendie Pour y claquer le flanc des bêtes Et les voir dépasser les hommes Les hommes qui s'enfuient Dans la nuit Mais je vivais à Blanc-Mesnil Capitale de l'inutile Une ville qui tourne en rond Autour d'un soleil de béton Où chacun étouffe dans sa cage En rongeant son frein et sa soif D'évasion D'évasion...
3.
La fonte 05:08
Ben, que voulez-vous que je vous dise Assis tout nu sur la banquise J’y ai froid comme tout le monde Et j’ai peur que la glace fonde Tel le frileux bonhomme de neige Qui se réchauffait près du poêle Je rêve d’être au sec face au feu Mais plus ça chauffe, plus je vais mal Doigts pilés, montres molles Bras fondus qui ne collent Plus même à nos flancs Corps usés, gestes flasques Tronc crevés par les flaques Creusés par le vent Ainsi fond, fond, fond Le continent Nous nous dissolvons Dans le vaste océan C’que nous étions Va s’évanouissant Tout n’est qu’une question De soleil et de temps Glace suintante sur nos pôles Crevasses aux épaules La fièvre gagne le froid Le vieux permafrost Où plus nul n’accoste Craquelle sous nos pas Ainsi fond, fond, fond Le continent Nous nous dissolvons Dans le vaste océan C’que nous étions Va s’évanouissant Tout n’est qu’une question De soleil et de temps La canicule nous mord Tout ruisselle et se tord Nos vieux igloos s’effondrent Et tout part dans la bonde La banquise se fissure De congères en coulures Du vieux monde qui s’efface Ne restera aucune trace Pas même une image Pas même un mot Pas même un rivage Juste de l’eau
4.
Take shelter 02:29
5.
Mon père j'ai péché Je ne crois pas en Dieu N'y ai jamais cru Et j'en crève De me balader À demi nu Dans ce rêve Parmi ces arbres pourrissants Déserts de fruits De serpents, de serments De serments Mon père, j'ai péché Je ne crois pas en dieu [] N'y ai jamais cru Et j'en bave Pour éclairer la nuit Les parois de suie De ma cave À brandir ma pauvre lanterne Et voir danser mon ombre Au fond de la caverne Ma lanterne Mon père j'ai péché Je ne crois pas en dieu N'y ait jamais cru Et j'en pleure Me cachant à chaque Coup de couteau à chaque Isaac Qui se meurt Pas de buisson ardent D'arc-en-ciel ou d'archange Juste de vaines louanges Dans le vent Et des temples qui nous servent de refuges Face à la sécheresse de ce déluge Ne restera qu'à la fin De la soif de la faim Et le nom effacé D'une luge
6.
Au point du jour Moi j'étais oiseau Ailes déployées Vent dans le dos J’avais une ombre pour chaque forêt Et dans chaque grand lac un reflet Mais même le ciel est une prison Quand on s’y fatigue sans raison Alors l’oiseau Je l’ai posé Plumes pour poils, je suis devenu loup Hurleur à la lune, croqueur de cous Courant jusqu’à l'épuisement Dans des champs de neige aveuglant Mais un chaperon aura suffi Pour que mes envies de meute m'ennuient Alors le loup Je l’ai muselé L’instant d'après j'étais ce gentil chien Entre douces caresses et jeux dans le jardin J’avais sans doute les meilleurs des maîtres qui soient Et une place rien que pour moi Mais il me manquait la parole Pour me sentir parmi les hommes Alors le chien Je l’ai dressé Le jour s'achève Et je suis cet humain Qui nomme chaque chose, le monde dans la main Mais à présent que vient la nuit Je suis regrets je suis mélancolie Du vaste ciel aux sombres sous bois Dieu que j'étais vivant autrefois Qu’importe demain je me lève tôt Et j’irai plomber cet oiseau
7.
De la dame pipi au héros grec De la Garenne-Rancy à Balbec Qu’importe l’heure où le lieu La couleur du pion, les règles du jeu Grand bienfaiteur, petit malfrat Folle de Chaillot ou fou d’Elsa Rien ne sert de mourir Pas plus que de naître ou de compter les points Il faut juste se détendre Ce n'est qu'un moyen moment à passer L’arme à gauche qu’on va rendre Autant vider son barillet Tout n’est que divertissement Gros nez rouge ou gueule d’enterrement On compose Prend la pose Tout ça pour passer le Tant qu’on peut courir on court Sachant qu’on ne finira pas le tour On s’arrache Pour le panache Et parce qu’on ne sait pas faire autrement Foutu queutard, femme fidèle Chroniqueur d’art ou top model Dictateur grabataire Ou bien martyr révolutionnaire Médaillé d'or ou bon dernier Peintre raté, garçon manqué Victime ou bien bourreau Chacun fait ce qu’il peut de son billaud Boulevard du crépuscule Ces ombres qui gesticulent Devant les feux de la Saint-Jean C’est tout notre orgueil déchantant Tout n'est que divertissement Gros nez rouge ou gueule d’enterrement On compose Prend la pose Tout ça pour passer le Tant qu’on peut courir on court Cou coupé comme poulets de basse cour Inutiles, vains, futiles Sans mobile mais toujours en mouvement Entre l'ecclésiaste et le pari de Pascal Chacun pave son enfer de belle morale Même si cette voirie ne mène nulle part Ça ne nous empêche pas de terrasser et d’y croire Sifflant en travaillant Déchantant en chantant Tout n’est que divertissement Gros nez rouge ou gueule d’enterrement On compose Prend la pose Tout ça pour passer le Tant qu’on peut courir on court Sachant qu’on ne finira pas le tour On s’arrache Pour le panache Et parce qu’on ne sait pas faire autrement Tout n'est que divertissement Gros nez rouge ou gueule d’enterrement On compose Prend la pose Tout ça pour passer le Tant qu’on peut courir on court Cou coupé comme poulets de basse cour Inutiles, vains, futiles Sans mobile mais toujours en mouvement
8.
Cette mer 03:36
Filles de hasard ou de destin Nées du grand tout par petits riens Les cellules vont se divisant Petit peuple d’un petit néant Des profondeurs vers la surface S’agglutinant et inventant Foule d’espèces, foule de race Nageant, rampant, foulant, volant Jusqu’à ce que l’une d’entre elle Se redresse sous le ciel Et parte à l'assaut De ce monde nouveau Sous le soleil indifférent La nuée gagne le torrent Depuis la montagne qui ruisselle Depuis les neiges provisoires Comme un flot brun qui se déverse Une forme de coulée épaisse La lente gravité d’une huile Allumant des feux et des villes Dans son sillage Incendies et carnages Sans plus de méchanceté Qu'un troupeau affamé De rus en ruisseaux et rivières Jetées dans le fleuve jusqu’à la mer Les vies s’évadent et vont grossir Sans laisser de grands souvenirs Le terrain vague d’un océan Ventre d’épaves, gueule de vent Qui ronge patiemment les falaises Troue les remparts, dévore les berges Jusqu’aux portes Dont chaque gond éclate Aux villes qu’on croyaient fortes Mais s’effacent sur les cartes

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Si le grain ne meurt... Soit. Mais s'en satisfait-on pour autant ?

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released May 3, 2021

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charbon Paris, France

CHARBON, Los Teignos, Arnaud Cueff : vous pouvez bien m'appeler comme vous voulez, ça ne changera pas grand chose à ces chansons. Pourquoi je fais ça ? Parce que je ne sais pas ne pas le faire...

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