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l'entre​-​soi

by CHARBON

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1.
Sans abri 03:27
J’avais une maison Quatre murs et un toit Il y faisait bon S’endormir près de toi J’avais un abri Contre le froid qui mord Et vient prendre chaque nuit Ceux qui trainent dehors J’avais un refuge Un endroit pour songer À mes souvenirs de luge Et mes rêves de forêt Mais où Je ne sais plus est ma maison Je l’ai perdue Elle se tenait debout Quand je me suis tourné Je n’ai pas senti sur le coup Le moindre danger Je n’ai pas souvenir d’un loup Qui l’aurait soufflée D’un loup Il l’aurait soufflée Mais où Je ne sais plus est ma maison Je l’ai perdue Mais où Je ne sais plus est ma maison Je l’ai perdue J’avais une maison Quatre murs et un toit Dieu que c’était bon Mais c’était autrefois Je n’ai plus d’abri Et me voici dehors Égaré dans la nuit Et le froid me dévore
2.
A ce détail près du soleil Mes jours à mes nuits sont pareils Interdit de sommeil Je fume et je veille A ressasser les souvenirs Les rêves, les plans sur la comète Toutes ces fleurs à flêtrir d’un jardin à disparaître A ce détail près de l’envie Me voici encore en vie Sans bien comprendre à la fois Ni comment ni pourquoi A passer ces heures lentes À faire mille fois les cent pas Dans cette salle d’attente Creusée au fond de moi On me dit rassurant Que tout cela passera Mais quand sera passé le temps Je ne sais pas Ce qu’il restera de moi
3.
Peut-on tuer un amour Comme on noierait un chat Parce qu’on le trouve trop lourd Et remuant dans nos bras Peut-on noyer un amour On s’en donne le droit Quand on s’est convaincu Que c’est le chat ou soi Il suffira De le maintenir sous l’eau Et de serrer autant qu’il faut Des jours, des semaines et des mois Il suffira De rester sourd aux plaintes Et chaque fois qu’il se débat De resserrer son étreinte Peut-on tuer un amour Comme on noierait un chat Qui nous griffait chaque jour Et nous mordait même parfois Peut-on noyer un amour Sûr qu’on a tous les droits Une fois que l’on s’est persuadé Que le chaton est enragé Il va suffire De détourner les yeux A chaque fois qu’un souvenir Nous rappelle un moment heureux Il va suffire D’éviter son regard Toute les fois qu’il semblera dire Qu’il n’est sans doute pas déjà trop tard Je l’ai noyé mon amour Le chat dans mon chagrin Il est parti au petit jour Tout le monde m’a dit que c’était bien Mais devant la boule de poils Moi je le sais au fond Qu’aucun bien ne vaut ce mal Et que je ne trouverai jamais le pardon
4.
5.
Sur un banc 03:58
Assis sur ce banc Comme chaque matin Moi j’y attends Que tu passes par ce chemin Mais c’est en vain personne ne vient Assis sur ce banc Je voudrais bien Que tu prennes ce temps De prendre ma main Mais autre chose t’attend Je le comprends Nous aurions tant à nous dire Tant de choses encore à nous offrir Mais je suis bien seul à vouloir ça Je ne te sens plus aucun désir De partager quoi que ce soit Avec moi C’est comme ça Assis sur ce banc Comme chaque midi Sous un ciel blanc Aux nuage gris, je sens Que j’ai rendez-vous Avec le vent Assis sur ce banc Je voudrais bien T’apercevoir même de loin M’adresser en passant Un signe de tête ou de la main Il restait des pages à écrire Tant de choses encore à nous offrir Mais je me sens seul à vouloir ça Je ne te vois plus le moindre désir De me donner même un petit peu Et je ne peux pas Vouloir pour deux Assis sur ce banc Comme chaque soir Moi j’y attend Qu’il soit trop tard et puis Je rentre quand Tombe la nuit Demain, sans doute Je serais encore là Et sans doute Tu ne viendras pas alors Peut-être que Je resterai chez moi J’y demeurerai seul à écrire Ces choses sans personne pour les lire Qu’un ami qui me dira Que tout finit toujours par guérir Et je saurai bien lui mentir Tout en pensant A ce vieux banc Où je t’attends
6.
J’aurais mis ma main À couper Que tu ne la lâcherais pas Mais ce matin Je n’ai plus trouvé Au bout de mon bras Que le bout de mon bras C’était une paume ouverte Des doigts sur lesquels compter Une poigne forte offerte Pour chaque bagage à porter Une main droite sans doute Un peu gauche parfois Qui méritait mieux qu’on la coupe Et qui ne repoussera pas J’aurais mis ma main Au feu Que tu ne la lâcherais pas Mais ce matin Je n’ai sous les yeux Au bout de mon bras Que le bout de mon bras C’était une main à prendre Sans même la demander Une main aux gestes tendres De caresses et de volupté Une main dans le creux de Laquelle boire et manger Qui méritait sans doute mieux Que de finir sur un bûcher J’aurais mis ma main À couper Que tu ne la lâcherais pas Mais ce matin Je n’ai plus trouvé Au bout de mon bras Que le bout de mon bras J’aurais mis ma main Au feu Que tu ne la lâcherais pas Mais ce matin Je n’ai sous les yeux Au bout de mon bras Que le bout de mon bras Des mains j’en avais deux Une seule suffira à ma vie Sûr qu’on peut être heureux Même quand le sort nous estropie Mais la douleur fantôme Sera la pour me rappeler Qu’aucune femme et qu’aucun homme Ne mérite une main à couper J’aurais mis ma main À couper Que tu ne la lâcherais jamais Mais ce matin Je n’ai plus trouvé Au dessous de mon nez Que la note du boucher
7.
Rond carré, bleu orange On compose, on s’arrange Chaque fois qu’on blesse quelqu’un Tout ce mal qu’on lui fait On se convainc que c’est Quelque part pour son bien Qu’il ne l’a pas non plus volé Car nul n’est sensé ignorer la loi du Monde Juste Comme on verse le sang On verse aussi sa larme Et se sent innocent Peu importe qui tient l’arme quand le bourreau la victime Sont aussi légitimes Que c’est une question de choix D’être le fauve ou bien la proie Dans le Monde Juste Vu que ce qui ne détruit pas Rend plus fort à chaque fois Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse Vu que c’est chacun pour soi Aide toi le ciel t’aidera Que tout part, que tout passe Que ceux qui poussent comme ceux qui chutent Sont à leur place dans le monde juste Même si Parfois On se trouve dans la glace L’air un peu dégueulasse Quand on lave ses mains sales Plein de remords de regrets Pour un temps on voudrait Faire amende honorable Mais on se reprend Considérant Que tout le monde fait ça Qu’il y a toujours Bien pire que soi A ce jeu là Dans le Monde juste
8.
La porte 03:00
A ce détail près du soleil Mes jours à mes nuits sont pareils Et la seule âme ici qui vive flotte sur un corps à la derive Comme un radeau va s’enfonçant Dans l’horizon D’un océan De vagues à reculons A ce détail près de l’envie Je suis encore en vie Blotti dans mon bocal Mi-papillon, mi-flamme Je rêverai volontiers L’éternité comme ça A ne plus sentir ne plus parler Ne plus dormir ne plus manger Mais Il faudra bien que je sorte Que j’ouvre enfin cette porte Vers ce monde révolu Où rien d’autre ne m’attend À chaque coin de chaque rue Que des fantômes en guet-apens
9.
Puisqu’à mes dépends j’ai appris Les règles du chacun pour sa gueule Me voici prêt pour la partie De ce jeu sale qui se joue seul Puisque tout ce qui compte seulement C’est de bouffer le monde pour son plaisir Je tâcherai de ne plus prendre de gants Ni de pincettes pour me servir Rien ne paye dans le crime de la prévenance Pour les polis point de récompense Donc, les pardons, s’il vous plait ou merci C’en est fini Comme charité bien ordonnée Commence et finit par soi-même Convenons que ceux qui viennent réclamer gîte et couvert Sont des problèmes Puisque moins on en donne à l’autre Plus c’est lui qui donne à son tour Je brûle mon vieux costume d’apôtre Pour le bec et les ailes du vautour Rien ne paye dans le crime de la bienveillance Pour les gentils point de récompense Donc, la pitié, la bonté, l’empathie C’en est fini Puisque face à un incendie Il faut prendre ses jambes à son cou Quitte à laisser celle ou celui Qui était toujours là pour nous Et puisqu’à la fin les serments Nous paraissent toujours comme des cages Qu’on les dit sans penser vraiment À ce qu’ils veulent dire, qu’ils nous engagent Rien ne paye dans le crime de la confiance Pour les fidèles point de récompense Donc, les jurés, les crachés, les promis C’en est fini Puisque dans la course du monde Les derniers resteront derniers Autant éviter ceux qui tombent Et qui pourraient nous retarder Puisqu’à la fin ce qui fascine C’est les vampires les loup-garous Que chacun affute ses canines Et sois le premier sur le bon cou Rien ne paye dans le crime de l’innocence Pour les agneaux point de récompense Donc, les principes, la morale, la vertu Ça n’est plus
10.
J’ai marché ma colère en portant mon chagrin J’ai marché mon chagrin en tirant ma colère A genoux de désert A pierre-fendre de poings Au bout du bout de la terre Toujours plus loin J’ai suivi la colère qui suivait le chagrin J’ai marché ma douleur dans les forêts d’orage Pleines de vent et de rage, plein de larmes et de peur J’ai marché comme un chêne Tête nue sous la foudre En tendant vers le ciel Tout mon ciel à résoudre J’ai marché tel le foudre d’une guerre éternelle Comme l’épouvantail Comme le lion, le bucheron Avançant vaille que vaille Pour trouver ma maison J’ai marché mes souvenirs à en perdre la mémoire J’ai marché tout un monde pour m’en faire un souvenir J’ai traîné tout le poids Des promesses légères Par un soleil de poix et de plomb incendiaire Brûlant chaque pas dans les terres de la Bérézina Comme l’épouvantail Comme le lion, le bucheron Avançant vaille que vaille Pour trouver ma maison J’ai marché ma fatigue jusqu’au bout de mon corps Quand il n’en pouvait plus j’ai même marché encore Y laissant toutes mes forces Épuisant tous mes vivres A creuser sous l’écorce Perdre sève et salive J’ai marché ma fatigue jusqu’au bout de mon corps Comme l’épouvantail Comme le lion, le bucheron Avançant vaille que vaille Pour trouver ma maison Au détour des chemins j’ai semé la colère J’ai vidé le chagrin dans le lit des rivières Mais je porterai toujours Là tout contre mon sein Le fardeau le plus lourd Mon amour Mon amour orphelin

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Quand les feux s'éteignent brutalement et qu'on y voit plus à un mètre devant soi, il faut continuer de continuer malgré tout, avec le peu qu'il nous reste : la tristesse, la peur, la colère, toujours réinventées, dans un monde qui ne porte aucune trace du gouffre qui nous habite. Patiemment ré-assembler les petites billes de soi-même chaque matin et voir le tout s'écrouler chaque soir.

Pendant de "l'entredeux" qui n'était que candeur, promesses, élan vers l'autre malgré les doutes, "l'entre-soi" est un album de désillusion, de certitudes et de repli sur un soi qui n'arrive pas à se recomposer, à l'image de cet ironique trait d'union surgi d'on ne sait où pour dire la fracture intime...

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released June 21, 2021

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charbon Paris, France

CHARBON, Los Teignos, Arnaud Cueff : vous pouvez bien m'appeler comme vous voulez, ça ne changera pas grand chose à ces chansons. Pourquoi je fais ça ? Parce que je ne sais pas ne pas le faire...

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