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L'appel de la for​ê​t

by CHARBON

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1.
C’est un souffle dans le soir Qui remonte la rue Un pouvoir de mémoire Qui réclame son tribu C’est l’odeur familière Que j’avais oubliée Qui me traque et me flaire Et qui va m’empoigner C’est l’asphyxie soudaine Qui me prend et m’étreint La promesse d’oxygène Tout au bout du chemin Et comme l’instinct me presse En regardant au loin Je sens les poils qui se dressent Sur le corps de mon chien C’est ton parfum d’humus Et c’est le gras de ton herbe Ce qui se terre dans tes musses Qui n’a ni nom ni verbe C’est le son de ton souffle Et ta voix de rivière Et entre tes fougères La tiédeur de ta mousse C’est les champs du possible De ta nature chaste Cette campagne paisible Qui attend qu’on la dévaste Sous la lune rousse En regardant au loin Je sens les dents qui poussent Dans la gueule de mon chien C’est le son de ton corps Le soir au fond des bois À l’heure des mises à mort Des curées aux abois C’est le moment de ronger Les longes et les colliers L’heure où le sang bouillonne L’heure des pattes que l’on rogne C’est l’heure de mordre à pleines dents Même la main qui nourrit De reprendre son rang Sans remords ni merci Et quand soudain l’appel de la forêt survient Je regarde mon loup cruel Qui dévore mon chien
2.
Les lions 03:57
Tes yeux Sont un puits de vertige L'envers d’une corniche Où je ne peux Que m’accrocher à Tes yeux Qui me regardent Tant que j’y tombe Ou vais cahin caha tu vois C'est un mal dont je me repais Le plaisir de fouiller la plaie Du vieil androgyne amputé Que j'étais avant de te trouver C’est ce poison qui me guérit Ce remède qui m’affaiblit La fenêtre d’une prison Sur le mur de l’horizon Ta voix Vient baigner ma soif Fendre ma carafe À grandes eaux, la cascade de Tes mots Torrents et taureaux Piétinant le sable De ma chair vague et si perméable C'est un mal dont je me repais Le plaisir de fouiller la plaie Du vieil androgyne amputé Que j'étais avant de te trouver C’est ce poison qui me guérit Ce remède qui m’affaiblit C’est la fenêtre d’une prison Sur le mur de l’horizon Et je me défends Comme je peux pour échapper à ça Mais je me rends Dès que je peux À l’envers et l’endroit De tes yeux de ta voix Ton corps C’est mon Sud et mon Nord Une contrée que j’ignore Ce pays étranger Mais si famillier De tes hanches Jusqu’à ton épaule blanche Il me parcourt Effaçant les repères À mesure que je m’y perds C'est un mal dont je me repais Le plaisir de fouiller la plaie Du vieil androgyne amputé Que j'étais avant de te trouver C’est ce poison qui me guérit Ce remède qui m’affaiblit C’est la fenêtre d’une prison Sur le mur de l’horizon Et je me défends Comme je peux pour échapper à ça Mais je me rends Dès que je peux À l’envers et l’endroit De ton corps, de tes yeux, de ta voix Et toi, tu me traverses sans rien savoir Des tempêtes qui m'abiment, papillon De ce battement d’ailes dans le soleil du soir Qui au matin décime les lions
3.
Personne ne m’attend Ni chez moi ni même au tournant Personne ne me compte Parmi les choses qui comptent vraiment Personne, vraiment personne Avec ma gamelle de croquettes Mes jouets plastiques qui font pouic-pouic Dans mon panier sur la moquette Je me sens virer neurasthénique Meilleur ami de la femme : c'est dit Mais je me sens pas plus avancé Je passe mes journées à ressasser C'est l'anarchie dans mon Youki Encore dix heures de patience À regarder par la fenêtre Ces ribambelles de chats qui dansent J’en crèverai un, un jour peut-être Deux fois par jour descendre pisser La queue remuante, truffe aux aguets Sentir ce vent de liberté En m’étranglant dans mon collier Un jour de plus à ne plus sentir L’odeur âcre de ma vie de chien Prétextant un os à enfouir Je creuse mon tunnel dans ton jardin Faire le beau, donner la patte Ramener le bâton pour me faire battre À chaque fois que les gros yeux passent Faire les oreilles et la queue basse Une nuit de plus au pied de ton lit À mettre des poils sur ton tapis Les grands soirs se faire caresser Tirer sa crampe sans trop japper Un jour de plus à ne plus sentir L’odeur âcre de ma vie de chien Quand tu l’avances pour me nourrir Je m’imagine t’arracher la main Encore une année à trainer Cette patte folle qui tremble un peu Seize mois que le véto assurait : Il en a pour un an ou deux Une semaine de plus tout seul À attendre que tu te joues de moi Que tu me mettes une baballe dans la gueule La roulette russe, j’attends plus que ça Un jour de plus à ne plus sentir L’odeur âcre de ma vie de chien Si c'est comme ça que ça doit finir Je compte bien manger à ma faim
4.
J’en ai vu des étoiles filantes Griffer l’ardoise de mon attente Puis se prendre dans de sombres filets Et s’évanouir comme feux follets Puis j’ai vu ton étoile filer Et ricocher jusqu’à mes pieds En relevant tes yeux sur moi Déplier l’aube la plus claire qui soit J’en ai connu de ces jours d’hiver De froid mordant de peu de lumière À progresser contre le vent Vers le fond de champ des tableaux des flamands Il a suffi que tu me frôles Pour que fonde la neige sur mes épaules Que tout un printemps se libère De mon glacier jusqu’à mes rivières Avant ton étoile, je n’étais qu’insomnie Soupirant le désir, son étymologie Veilleur de ciel, guetteur de sémaphore Sentinelle du crépuscule à l'aurore Soufflant sur mes doigts gourds dans la nuit et le froid J’ai fait mille fois le tour de ce chemin de ronde Jusqu’à ce que ton visage, ton regard et ta voix Me conduisent au rivage du Nouveau Monde J’en ai visité de ces cités géantes Aux rues écarlates aux tours incandescentes Où tous comprennent toutes les langues Sauf la mienne d’étranger qui s'étrangle Un mot de toi aura suffi Pour que je sache le nom de ma patrie Après un silence aussi long Ce qui m’appelle tu y réponds J’en ai bâti des églises, j’en ai construit des ponts Pour enjamber le vide et les fleuves profonds J’en ai tressé des cordes pour m’attacher au mât Ces soirs de tempête où rien ne va Il aura suffi de ta main Pour me ramener au sol chaque fois que je m’envole Et panser toutes mes blessures À la douceur de ton flanc et de ta chevelure Avant ton étoile, je n’étais qu’insomnie Soupirant le désir, son étymologie Veilleur de ciel, guetteur de sémaphore Sentinelle du crépuscule à l'aurore Soufflant sur mes doigts gourds dans la nuit et le froid J’ai fait mille fois le tour de ce chemin de ronde Jusqu’à ce que ton visage, ton regard et ta voix Me conduisent au rivage du Nouveau Monde
5.
Loin de la rue qui Bat son plein je Me réfugie Dans le creux de Tes bras et si Je tremble un peu C'est de chaleur Quand je suis Cette route des Indes où se déploient Tes déserts et tes jungles rien que pour moi Suspen Du le temps fige tout mouvement Et me dirige Vers tes yeux que Vers ta bouche qui Et ton souffle Me conduit Sur cette route des Indes où se déploient Mes déserts et mes jungles rien que pour toi
6.
Là bas à l'horizon S’approche quelque chose noir On pourrait bien au fond Faire mine de ne pas le voir Laisser filer le temps Attendre que ça passe Vu qu’à la fin tout passe Les choses comme les gens On pourrait faire semblant Mais c’est bien du sang rouge Qui s’écoule lentement Alors que rien ne bouge On pourrait ne pas relever Mais à force de ça Personne ne se relève Quand il tombe au plus bas J’en suis sûr on pourrait continuer encore longtemps comme ça À boire ce mélange de demie-tristesse et petit quart de joie Oh le beau festin que voilà ! Alors nous y voici Quelque chose noir a grandi Lentement il se déverse Comme une coulée épaisse Recouvrant les jardins Jusqu’au pas de la porte Même en sautant très loin Impossible qu’on en sorte Il nous reste toujours Cette entrée de service On peut faire le tour Longer le précipice On est bon à ce jeu De se cacher les yeux De savoir respirer En se pinçant le nez Je suis pas sûr qu’on puisse continuer encore longtemps comme ça À boire ce mélange de demie-tristesse et petit quart de joie Manger ces repas qui ne nourrissent pas Dans nos mots dans nos souffles Maintenant quelque chose noir Que l'on crache et qu’on tousse Yeux vitreux cœur blafard On voudrait se refaire Revenir en arrière Mais on ne sait plus à quoi ressemble La couleur, le goût et l’odeur d'être ensemble Alors on se tient le ventre On grimace en silence On va se parfumer Pour masquer la pestilence Bouche ouverte, paupières closes Et la tête en arrière On attend que quelque chose Fasse ce qu’il sait faire C’est certain on ne va plus continuer encore longtemps comme ça À boire ce mélange de demie-tristesse et petit quart de joie Oh le beau poison que voilà !
7.
La Pangée 02:48
Une porte, un mur Et le ciel tête en bas Sous les pieds pas de sol Juste la ligne de tes bras Escher a fait cette cour Et ses mille escaliers Pour monter dans les tours Ou descendre s’y percher Les paupières ouvertes C’est un peu d'Italie Jupe Klein chaussures vertes La Thessalie aussi La galerie du musée D’une ville perdue Où l’on voit s'animer Le corps des statues Les paupières closes C’est une chambre obscure Où l’on frôle des choses Sans en être bien sûr À tâtons se trouver Parmi tous ces îlots Où l’on flotte à moitié Fils de l’air, fille de l’eau 24 secondes Par image se révèlent Les reliefs de deux mondes Et leurs plages de sel Comme deux continents Étrangement familiers S’en vont dérivant Reformer la Pangée Appesanti Dans cette apesanteur Dans l’air chaud engourdi De vertige en torpeur Découvrir ce pays Dont on avait rêvé Et qu’on sent juste ici Il suffit d’y tomber
8.
Perceval 02:51
Dans le grand ouest j’ai vérifié Il n’y a rien qui vaille la peine Pas une église pour t’y trouver Même en y priant des semaines Pourtant je sens au plus profond Que tu existes plus que moi même Croire en toi n’est pas un problème C'est même ma seule religion Des hauts sommets vers la vallée Je t’ai appelé sans savoir ton nom Et l’écho qui me revenait Avait la voix de la raison Mais je sens tout au fond de moi Qu’il n’y a pas de raison à ma foi Et que mon pas sur ce chemin Mènera ton visage à mes mains Perceval Poussé par le vent Je le sais ce Graal C'est toi qui m’attends En arpentant routes et champs Des ruisseaux jusqu’à l’océan Je me suis 1000 fois égaré Pour 1001 nuits te chercher Et dans l'amoncellement des villes Tapis volants, lampes à huile N'étaient que des fatras d’objets Sans aucun lien vers ton secret J'ai bien failli ne plus y croire À genoux, usé dans le noir, Mais dans les splendeurs de la Terre Vivait la preuve de ton mystère Et comme je poursuivais ma route Dans cette nuit quoi qu’elle m'en coûte J’ai traversé cette clairière Où j’ai reconnu tes yeux clairs. Perceval Poussé par le vent Je le sais ce Graal C'est toi qui m’attends
9.
Il ou elle est parti Et c'est l’épais silence Qui recouvre la maison Il ou elle est parti Emportant tous les sons Siphonnant chaque mot de son sens Chaque chose de sa raison Il ou elle est parti Et chaque objet d’hier On ne sait plus très bien Aujourd'hui à quoi il sert Si ce n'est à se taire Si ce n'est à se taire Il ou elle est parti Emportant tous les gestes Et ces traînées évanouies C'est tout ce qu’il en reste Il ou elle est parti Et ne reviendra plus Jusqu’à ce qu’on oublie Et le nous et le eux Et le Tu jusqu'au Je Il ou elle est parti Et s’installe ce grand chien gris Qui va se rouler en boule Au bout du lit Il ou elle est parti Et même si on le nourrit On sait bien que le chien Partira lui-aussi Il ou elle est parti
10.
Quand le soir Tombe entre chien et loup Que le bleu vire au gris Que la lumière se replie Rai orange sous la porte De la nuit Gravée comme une eau-forte Où es-tu mon amie ? Quand le loup Sort les crocs que les ombres S'étirent jusqu’à se fondre Sur les bâtiments flous Que Paris devient Londres Moi je sais Venir la mauvaise heure Où es tu mon âme sœur ? Et moi je titube D’un fantôme à l’autre De tes habitudes Dans ces endroits qui sont les nôtres Entre le loup et le chien Je remonte ta piste Mais je ne trouve rien Que mon animal triste Quand le chien Coincé par le loup noir Va chercher un point de fuite Dans l'entonnoir du soir Que tout se précipite Que s’étale Le glacis sélénite Où es tu mon étoile ? Quand le loup Pousse le chien et l’accule Sur le fond d’horizon Buvard du crépuscule L’encre plombe les moutons Et j’appelle En tirant sur ma chaîne Où es tu ma femelle ? Et moi je titube D’un fantôme à l’autre De tes habitudes Dans ces endroits qui sont les nôtres Entre le loup et le chien Je remonte ta piste Mais je ne trouve rien Que mon animal triste Quand le loup Bouffe le chien dans le ciel Que le rouge soleil Saigne bleu sous les coups Que le jour, La main sur le cou se dissout Où es tu mon amour ? Quand la ville N'est plus qu’ombre de ville Et lumières en scaphandre Sous la surface de nuit Il fait froid y descendre Et je peine À trouver l'oxygène Où es tu ma sirène ? Et moi je titube D’un fantôme à l’autre De tes habitudes Dans ces endroits qui sont les nôtres Entre le loup et le chien Je remonte ta piste Mais je ne trouve rien Que mon animal triste
11.
Au creux de mes bras Tu t’endors Et tout contre moi La tiédeur de ton corps M’apaise et m’engourdit Et blotti au chaud Moi j'écoute Les milliards de gouttes Chanter sur le carreau La berceuse de la pluie Le matin bleu Viendra bientôt nous lever Le temps qu'on peut Il y a juste à profiter Des heures étales Du silence et du calme Au creux de tes bras Je m’endors Il n’y a rien qui soit Ni plus doux ni plus fort Que cet intime abri Se sentir une fois Simplement Au parfait endroit Et au parfait moment Dans le ventre de la nuit Dehors le monde Marche comme il peut sur la tête Rien qu’une seconde Moi je veux croire qu’il s'arrête Sur ce berceau Des beaux amants aux enfants do Je veux me souvenir Toute ma vie Du moindre soupir De cette nuit Car je pourrai dire Quand je serai bien vieux Un soir je fus heureux

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Il était une fois ma forêt et ma louve, leur appel reconnaissable entre tous, par delà les âges, et tout ce qui appelle le loup dans mon chien. Un torrent qu'on avait pas vu venir et la tendre dévastation qui s'ensuit...

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released March 25, 2021

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charbon Paris, France

CHARBON, Los Teignos, Arnaud Cueff : vous pouvez bien m'appeler comme vous voulez, ça ne changera pas grand chose à ces chansons. Pourquoi je fais ça ? Parce que je ne sais pas ne pas le faire...

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